Historique

Comment naquit l’A.M.I

Dans cette revue d’actions de grâces, il est bon de faire une rétrospective des événements qui conduisirent le pasteur-missionnaire André Brisset, aujourd’hui auprès du Seigneur ainsi que son épouse Josette, à créer l’A.M.I. Sous le titre «Nos confidences », le pasteur-missionnaire A. Brisset en faisait le récit il y a plusieurs années. Nous reprenons ces pages de souvenirs qui remettront en mémoire à certains ou, feront connaître à d’autres, comment Dieu a dirigé ses serviteurs pour que l’A.M.I voie le jour.

Aucune raison de partir

Mon épouse et moi étions directement responsables d’une station missionnaire que nous avions fondée à Loumbila, en Haute-Volta : évangélisation du secteur avec en plus un collège secondaire pour grandes jeunes filles africaines, un orphelinat, un dispensaire, un foyer pour jeunes filles. Nous avions le privilège d’être aidés dans une fraternelle collaboration par des demoiselles missionnaires tout à fait qualifiées spirituellement et matériellement pour le travail qui leur était confié. Les Africains, pasteurs et chrétiens, nous témoignaient une grande affection. Le Seigneur répondait par des conversions tant parmi les jeunes filles du collège, que dans les quelques villages où travaillaient les pasteurs africains. Tout cela est dit, non pour nous glorifier en quoi que ce soit, mais pour montrer que nous n’avions aucune raison d’avoir envie de partir.

Et pourtant Dieu…

Et pourtant Dieu avait un plan pour nous, un tout autre travail à nous confier. Tout au long des années de notre travail missionnaire, nous avons été confrontés à la grande souffrance de ce peuple que nous aimons, aux indescriptibles difficultés matérielles que rencontrent les pasteurs africains, les évangélistes. Le Seigneur nous donnait la vision de ce que pourraient faire les chrétiens des pays privilégiés s’ils étaient clairement informés. Lors de nos tournées missionnaires en Europe, nous nous rendions compte que ces chrétiens étaient informés sur les besoins des missionnaires et sur leur travail, par contre ils étaient presque toujours ignorants de tout ce qui concerne les ouvriers de Dieu africains, la valeur de leur travail, leurs difficultés et l’aide à leur apporter. D’autre part, nous nous heurtions douloureusement à une incompréhension de la part du comité qui nous soutenait à l’époque sur l’utilité du travail social (orphelinats, écoles, dispensaires). Et cependant, sur le champ missionnaire, le Seigneur conduisait d’une manière indubitable ce genre d’activités. Les moyens matériels nous manquaient. Qui avait raison ? Le Seigneur ou le comité ? Ce fut donc par la foi qu’il nous fallut construire le dispensaire, l’orphelinat et le foyer, oeuvre dont nous parlons plus haut. Notons l’aide généreuse d’une église suisse.

La direction de Dieu

Cependant, la direction de Dieu se précisait : travailler pour l’Afrique, mais depuis l’Europe et faire connaître les besoins de nos frères africains pour leur venir en aide. Elle se concrétisa au travers d’une épreuve. En effet, le Seigneur dut se servir de la maladie pour nous la faire accepter. Pourquoi la maladie ? Nous pensons l’avoir compris, mais ce serait trop long à expliquer ici. D’ailleurs, le Seigneur ne se trompe jamais ! D’épouvantables maux de tête m’accablèrent. J’avais à plusieurs reprises été guéri par le Seigneur notamment d’une infection des sinus qui auraient dû être opérés. Mais cette fois-ci, les prières demeuraient sans réponse, de même qu’échouaient les traitements médicaux. Un jour, missionnaires et frères africains jeûnèrent et prièrent spécialement pour moi. En ce qui me concerne, j’avais dit au Seigneur : « Si tu veux que nous restions ici, soulage- moi, sinon augmente mes douleurs pendant ce jour de prière ». Et voici ce qui se produisit : les douleurs augmentèrent fortement et rendirent obligatoire notre retour en Europe. C’est ainsi qu’en automne 1968 naquit l’A.M.I. C’était une oeuvre de foi. Elle l’est toujours et nous bénissons le Seigneur de ce que, dès le début, il nous montra son approbation.

Guérison

Et Dieu, en plus, me fit un cadeau : Nous vous l’avions dit, j’étais accablé par de violents et continuels maux de tête. Seuls des médicaments à forte dose les soulageaient. Beaucoup avaient prié pour moi, même parmi les évangélistes connus, mais sans qu’il y ait guérison. Lorsque l’A.M.I eut pris un bon démarrage, un soir, alors que je priais tout seul, le Seigneur mit en moi la conviction que j’étais guéri. Effectivement, depuis ce soir-là, les maux de tête avaient disparu.

Opposition

Cela nous ne pouvons le passer sous silence. C’était d’ailleurs inévitable ! Dès le début, Satan montra, lui, sa désapprobation ! Cette oeuvre allait le gêner, puisqu’elle devait participer à l’avancement du règne de Dieu. L’ennemi se servit de quelques-uns pour nous décourager, pour arrêter l’oeuvre, quelques-uns qui n’eurent pas la sagesse de Gamaliel : «Prenez garde à ce que vous allez faire à l’égard de ces gens… Si cette entreprise ou cette oeuvre vient des hommes, elle se détruira ; mais si elle vient de Dieu, vous ne pourrez la détruire. Ne courez pas le risque d’avoir combattu contre Dieu.» (Actes 5 : 38-39).

Les encouragements de Dieu

Ils furent si nombreux qu’ils submergèrent le découragement ! Comment les citer ? Des paroles, des lettres et surtout le fait que Dieu a gardé l’A.M.I et l’a fait prospérer !

Ce que nos yeux ont vu

Pourquoi Dieu voulait-il des missionnaires pour ce travail ? La raison en est évidente. On ne peut réellement parler d’un pays et de ses problèmes que si l’on y a vécu suffisamment longtemps. De plus, il faut avoir été spécialement attentifs et s’être sentis concernés.

Comment vous expliquer

Après bien des essais, des pages déchirées, je me sens tout à fait incapable de vous décrire comme il le faudrait la pauvreté de certains pays d’Afrique. J’aurais besoin de tout un livre pour cela, une accumulation de détails bouleversants : Comment partager avec vous la vision de cette souffrance que nous avons côtoyée longuement en quelques lignes ? Il faut vous parler de ces parents dans le désarroi parce qu’ils sont trop pauvres pour acheter les médicaments nécessaires pour soigner leurs enfants (les médecins de l’hôpital ne peuvent donner que des ordonnances). Il faut parler de l’agonie et de la mort de ces bébés orphelins que la famille ne peut secourir faute d’argent nécessaire pour acheter du lait en poudre. Durant ces périodes de famine dues à la sécheresse, il faut que vous sachiez que certains de vos frères vont en brousse chercher tout ce qu’on peut, à la rigueur, manger: graminées sauvages, racines, feuilles… Et pour rentrer directement dans le travail de Dieu, il faudrait énumérer toutes les difficultés financières dans lesquelles se débattent les pasteurs africains.

Il faut que vous sachiez

C’est pour cela que Dieu nous a fait quitter l’Afrique. Mois après mois, nous nous efforcions de vous informer par notre bulletin de nouvelles. Toute une équipe y a travaillé, consciente de sa faiblesse, mais glorifiant Dieu de ce qu’au travers de la faiblesse, il se glorifie par les secours que nous pouvons envoyer, grâce à vos dons.

Dieu nous obligea

Certains d’entre vous qui nous connaissent depuis longtemps s’étonneront peut-être et diront : «Mais je croyais que le frère Brisset était parti d’Afrique en raison de son coeur malade ?» Là, se place un autre épisode de notre vie. Après la guérison de mes maux de tête, nous avions désiré repartir vers notre chère Haute-Volta. La continuation de l’A.M.I était, pensions nous, assurée. Pendant que nous faisions nos préparatifs, une pensée s’imposa à mon esprit : « Tu pars, mais dans peu de temps tu reviendras. » De même, ma compagne eut un semblable avertissement. Mais, l’un et l’autre, nous l’avions rejeté, pensant que l’ennemi voulait nous décourager. Cependant, c’était Dieu qui parlait. Et quelques mois après ce départ, c’était le retour en Suisse avec un risque d’infarctus, la reprise en main de l’A.M.I. Une autre tentation de repartir lorsque notre ancien champ de Côte d’Ivoire s’était trouvé sans missionnaire. J’avais posé la question au Seigneur. Tout fut réglé par un infarctus qui me maintenait en Europe. Après un court voyage en Afrique, c’était l’opération au coeur. Dieu nous a obligés à rester ici. Nous l’avons accepté et allons de l’avant avec sa grâce en faisant nôtre ce verset d’Esaïe : « Eternel, tu nous donnes la paix; car tout ce que nous faisons, c’est toi qui l’accomplis pour nous. »

 

                                                                                                                        André Brisset